
I: l’entretien d’embauche

Je m’appelle A. , je suis Autiste. Aujourd’hui est l’occasion de vous parler d’un sujet en cours pour moi: la recherche d’emploi et donc les fameux entretiens d’embauches. J’ai passé dernièrement un entretien d’embauche au sein d’une association qui défend le handicap. J’avais de façon très honnête prévenu que je suis Autiste. Et à mon grand désarrois aucune adaptation n’a été mise en place. On ne m’a pas demandé ce qui pourrait être adapté afin que l’entretien se passe dans les bonnes condition pour moi. Si j’avais eu cette considération, j’aurais pu préciser des petites adaptations de l’entretien, afin de démontrer mes pleines compétences pour le poste et ça m’aurait évité la frustration de ne pas avoir, encore une fois, su mettre en valeur mes compétences. Aujourd’hui, j’ai perdu espoir qu’un jour un employeur prendra en considération l’autisme lors d’un entretien car si une association qui défend le droit des personnes en situations de Handicap ne le fait pas, qui le fera? Pour résumer, il suffit d’une seule et unique question de la part de l’employeur pour changer la vie professionnelle d’une personne Autiste: “Que pouvons nous faire ou adapter pour que vous puissiez passer l’entretien d’embauche dans de bonnes conditions?” La prise en compte du Handicap ne doit pas se faire uniquement sur le poste de travail mais dès l’entretien d’embauche.
II.Les consignes imprécises

"Peux-tu renégocier nos conditions avec ce fournisseur s'il te plaît ?" --> La consigne est extrêmement imprécise : quelles conditions ? Quel ton dois-je employer ? Quel est le but à atteindre ? De combien de temps dispose-je pour atteindre ce but ? Comment doit-il être formalisé ? Est-ce quelque chose d'officiel ou un arrangement humain (pas de contrat écrit car conditions trop favorables) ? Que sommes-nous prêts à céder pour avoir 'de meilleures conditions' ? Autant de questions sans réponse car la consigne était formulée en coup de vent au téléphone et c'était "urgent"... J'en suis restée paralysée, incapable de fonctionner car je ne savais pas ce que je devais faire, quand, comment... Marie
III. Tu n’en fais qu’à ta tête

"Si tu n'en fais qu'à ta tête, tu n'arriveras pas à t'adapter." "Pourquoi ne fais-tu pas ce qu'on te dit ? Tu fais sans te poser de questions, point, tu imites si besoin. Si la majorité fait comme ça, c'est que c'est plus efficace. Si c'est très contraignant, tu trouves d'autres lieux, d'autres activités pour t'épanouir !"
Ô comme c'est simple ! Mais je ne me pose pas de questions, quand je ne comprends pas la contrainte, quand elle n'a aucun sens, ou plutôt qu'elle a trop de sens (directions, chemins possibles pour atteindre un même but, un même objectif individuel ou collectif), je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas faire à ma manière. Je n'en fais pas qu'à ma tête, je voudrais seulement faire avec mes moyens, mes stratégies, mes repères, ma "maladresse" (TND) même s'ils sont minoritaires.
Oui la ligne droite est attrayante, mais je n'arrive pas à la suivre (déjà au sens physique, j'ai des troubles visuo-spatiaux). Pour moi cet attrait perd tout son charme tellement ça me stress. (Je parle ici du stress de façon générale, il n'est pas toujours très fort mais parfois, il prend des proportions totalement disproportionnées : je mets 10 heures pour pouvoir vraiment ressentir ma réussite personnelle à un défi que je m'étais lancé tellement au moment où j'ai fini et réussi mon défi je ressens un stress violent). Je n'en fais pas qu'à ma tête. Par exemple, quand je veux imiter quelqu'un, je transforme déjà ses gestes, totalement involontairement et sans m'en rendre compte. L'exemple que l'on donne souvent c'est la recette de cuisine : je n'arrive pas à suivre une recette de cuisine.
Alors oui, pourquoi ? Simplement parce que c'est épuisant !
En me demandant de m'adapter en m'intégrant, on me demande non pas de m'adapter mais de me SUR-adapter. Alors, ce qui est bien souvent compris comme "Tu n'en fais qu'à ta tête" est aussi une demande d'inclusion, de réciprocité, de RESPECT.
C'est comme si j'avais une pelote de laine toute colorée dans la tête. Pour réfléchir, comprendre, avoir les idées claires, avoir confiance en moi, on m'a aidé à construire des fiches de couleurs qui m'aident à distinguer, à trier, à clarifier l'information, ce que je veux mémoriser, ce que je veux en faire.
IV Les textes de nuages


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